Aller au contenu principal

Puberté

Poésie
Lafleur LefortPhotographie : Alain Lefort

 

Vrai
je ne pense qu’à me fourrer à moi mire
à moi percée à la drille et défléchie pute
j’entre dans le vide persique en milice
et magane les seaux à vomir agissante
qu’à moi dedans la virulence traversa
que j’erre touchée aux lèvres du billot
vrai je ne pense
n’avale que du russe qui explose à table
ne pense qu’à mon cœur préféré ralentir
aux cuves je plie le genou le plus fiche
je me fais une babine percée des ivoires
serrée aux épaules serres qu’en ouvrant
tout au nord et les tiges me tiennent fru
le violent méridien quatre à quatre plane
vrai je ne pense
si ouvrante que je déchirerais le templier
le marqueur la pitance le ver constricteur
je me saoule imperméable au rush final
boudin durci me baise grande Hélène
pénètre à la liane ma crampe tournerie
amasse les billets lombaires si Jupiter
talon sur la pole la glace sèche en l’air
vrai je ne pense
qu’à ma chair disparue frottée à l’émeri
les sous-ailes qui m’enfoncent abbesse
fendue en mille miliaires de pièces blé
je me vends sous la terre du tournesol
et j’émerge ne fracasse qu’en la pierre
la nudité qui me fait sortir de maman
vient du perchoir des panthères mûres
vrai je ne pense
je me rase colombienne en rase canal
l’aine rebrousse concubine me prédit
un printemps sous la feuille je dégêne
ne pense qu’à plier avec elle cravache
en mon fouet sur la fesse impénétrée
je progresse dit mon frère à ma mère
j’ai à dire la manière dont on supplie

vrai je ne pense
qu’au cirage qu’à la branche nerveuse
qu’à ma molaire casse avale le cyprès
de pied ferme renflouée jusqu’à l’oie
je me crois tirée par le fusil à plomb
la rivière où je tremble en le disant
ça me hisse car je m’endors à la pige
et l’or et l’émail touchent mon corps
vrai je ne pense
et j’y pense que fourrée je pourrais
me relier aux veines comme baisée
sur la veine je deviens l’ivoire cru
qui perce l’épiderme de la joue
entre falaise phalène et mastic
et toute l’auge assiste à la crue
je n’y pense qu’une fois pleine
je pense
à la première dent dans ma main
à la poussière de lait sur ma langue
le crâne fracassé contre la porte
une persienne dans chaque coude
un coup de pierre entre les jambes
tison fait une flamme une ablation
de crampe et ma bague à couronne
un ovaire de contrebande un grelot
jupe retroussée jusqu’aux manches
le doigt qui veille dans la bouche
à la culée aux trous lâches et livrés
ont la soif des feuilles et du liège
de la terre qu’en semis me dépasse
est mon corps portant est la bêche
qui pense sortir un cœur du ressui
et le reste suivra à coups de dents
vrai je ne pense
qu’à maman mariée par ma manche
je me vois transpirer des deux cœurs
je deviens deux fois purée de flamme
je me vide une seule fois menstruée.

 

 


Annie Lafleur est née en 1980 à Montréal. Au Quartanier, elle a publié Ciguë (2019), Rosebud (2013) et Bec-de-lièvre (2016). Au Lézard amoureux, elle a fait paraître Prolégomènes à mon géant (2007) et Handkerchief (2009). Elle a été membre du comité de rédaction de la revue Estuaire de2014 à 2018, où elle continue de mener une série d’entretiens avec des poètes.

 

 

Auteur·e·s
Individu
Type d'entité
Personne
Fonction
Auteur