L’édition 2022 du Prix littéraire des collégiens marque le début d’un partenariat avec LQ. Mélikah Abdelmoumen, Nicholas Giguère ainsi qu’une professeure de cégep se sont consultés pour choisir les cinq meilleures critiques écrites par les collégien.nes pour les titres en lice.
L’édition 2022 du Prix littéraire des collégiens marque le début d’un partenariat avec LQ. Mélikah Abdelmoumen, Nicholas Giguère ainsi qu’une professeure de cégep se sont consultés pour choisir les cinq meilleures critiques écrites par les collégien.nes pour les titres en lice.
Corps-fiction
Dominique Savard | Cégep de Saint-Jérôme
Valide, Chris Bergeron, Éditions XYZ, 2021
« Nous sommes tous et toutes aux prises avec de mauvais corps. On ne peut y échapper. Le corps est le terreau de l’angoisse. » Voilà ce qui se trouve au cœur du roman Valide, de Chris Bergeron, aux Éditions XYZ : la préoccupation pour un corps qui nous semble étranger, la quête identitaire et la peur de la perte de contrôle, thèmes qui reviennent sans cesse dans la tête de Christelle Grimard, Montréalaise, prisonnière de son enveloppe corporelle étiquetée « Christian » par la société. Société effrayée par la fin du monde, qui semble plus près que jamais en 2045. Société qui est maintenant synonyme de David, intelligence artificielle, maître de la censure, tenant les humains prisonniers de la routine tels des algorithmes bien programmés. Contrôlant chaque aspect de la vie des individus, ceux-ci ayant perdu confiance en leur capacité à planifier leur avenir, le système devient dictateur et n’accepte point la différence dans cette œuvre dystopique qui est un brillant assemblage d’autobiographie et de science-fiction.
Bien que la protagoniste souffre de dysphorie de genre, tout lecteur peut se reconnaître dans son vécu, qui recèle des amours, des joies et des peines, toujours accompagnés de la souffrance de se sentir trop singulière. À travers ses sentiments et réflexions, à l’aide d’une plume gracieuse très portée sur les métaphores habiles, poignantes, et les images fortes, l’autrice relate les péripéties de son chemin plein d’embûches vers l’estime de soi. Vers l’auto-validation de Christelle, oubliée au profit de la validation par les autres.
Le monologue de Chris qui se confie à David est indéniablement survolté, énoncé comme une libération de plus en plus vive avec les pronoms et adjectifs qui évoluent peu à peu, de il à iel, puis elle. Composant ce roman en entier, le récit de Chris est contenu en un seul bloc, sans séparation en chapitres ; le lecteur est directement projeté dans cette tempête où se mêlent le passé, le présent et le futur de la narratrice maintenant âgée de 71 ans. Rythmé par des réflexions philosophiques sur l’humain et la société, Valide tient de la critique sociale et fait réfléchir.
Valide, Chris Bergeron, Éditions XYZ, 2021
