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Quelques pistes de lecture

Dossier

Je suis devenue amoureuse de Cason Sharpe lors d’un marathon de lecture organisé par Metatron. Un mot d’abord sur Metatron Press, une petite maison d’édition montréalaise qui publie des bouquins radicaux pleins de luminosité. Les merveilleuses histoires rocambolesques de Cason Sharpe sont parmi les meilleures publications de la maison. Dans ce recueil, des chroniques de l’école secondaire côtoient une brillante pensée existentialiste. Et quelle lecture Cason Sharpe a donnée, ce soir-là! (A. O.)

Cason Sharpe
Our Lady of Perpetual Realness & Other Stories
Montréal, Metatron Press
2017, 66 p., 16$

 

Anna Leventhal a publié un recueil de nouvelles intitulé Sweet Affliction. Avec une écriture particulièrement caustique, elle saisit certains moments délicats dans la vie de jeunes femmes, mais aussi les humiliations quotidiennes qu’elles subissent pour survivre. J’attends avec impatience son prochain titre, qui sera forcément empreint d’un réalisme raconté avec une perfection absurde. (A. O.)

Anna Leventhal
Sweet Affliction
Picton, Invisible Publishing, 2014, 200 p., 19,95$
[Douce détresse, traduit par Daniel Grenier,
Montréal, Marchand de feuilles
2015, 289 p., 21,95$]

 

Guillaume Morissette est l’un des écrivains les plus représentatifs de la culture des milléniaux. De sa voix impassible, il aborde tous ses sujets sous un angle philosophique — qu’il s’interroge sur la nature de l’être humain ou sur l’instagrammisation d’un gâteau d’anniversaire. Son travail est désarmant de vérité et brillamment banal. Son absence d’amour-propre conjuguée à ses illusions de grandeur font de lui un écrivain unique. (A. O.)

Guillaume Morissette
New Tab, Montréal
Véhicule Press, 2014, 212 p., 19,95$
[Nouvel onglet, traduit par Daniel Grenier,
Montréal, Boréal
2016, 256 p., 24,95$]

 

Ce roman de Paige Cooper est l’un des plus remarquables à avoir été publiés en 2018 au Canada anglais. Ses récits démontrent une inventivité profonde et intuitive qui est à la fois audacieuse, féminine et d’une grande justesse. Elle met à l’épreuve les jeunes femmes qui sont au cœur de son roman en les plaçant dans d’étranges contextes souvent absurdes et crée des mondes où de minuscules objets comme des verres à vodka ressemblent à des océans, tandis que les dinosaures deviennent des petits lézards qu’on glisse dans sa poche. (A. O.)

Paige Cooper
Zolitude: stories
Biblioasis, Windsor
2018, 236 p., 19,95$

 

Le premier roman de Catherine Fatima, Sludge Utopia, a rencontré un franc succès auprès de mes collègues de Drawn & Quarterly, la librairie indépendante où je travaille. C’est une autofiction traitant de la sexualité de jeunes femmes, et l’écriture de Fatima a été décrite comme un mélange de celles de Roland Barthes et de Henry Miller. (C’est tellement parfait! Je vais en rester là.) (A. O.)

Catherine Fatima
Sludge Utopia
Toronto, Book*hug Press
2018, 232 p., 20$

 

Dimitri Nasrallah a accompli l’impossible avec son roman The Bleeds. Il a écrit une satire politique qui comporte à la fois un récit haletant, un esprit parodique acéré et une critique politique tout aussi incisive. Le récit se déroule dans un pays fictif situé quelque part entre le Caucase et le Moyen-Orient. Les Bleed, une famille de dictateurs, dirigent la nation avec une poigne de fer. Le plus jeune, Vadim Bleed, risque de causer la perte de la mainmise familliale sur le pays à cause de ses frasques libertines et de son indifférence pour les méthodes dictatoriales. (A. O.)

Dimitri Nasrallah
The Bleeds
Montréal, Véhicule Presscoll. « Esplandade Books»
2018, 244 p., 19,95 $

 

David Homel a grandi à Chicago et s’est installé à Montréal en 1980. Il s’est rapidement fait un nom comme traducteur, notamment grâce à sa traduction des romans de Dany Laferrière. Il a publié son premier roman Electrical Storms (Orages électriques) en 1988, et se distingue ensuite par la polyvalence de sa plume. Son roman Sonia & Jack (Un singe à Moscou) est une histoire d’amour racontée avec sensibilité, qui se termine par un revirement astucieux. Dans The Speaking Cure (L’analyse), qui se déroule en ex-Yougoslavie — sans doute son roman le plus complexe —, Homel aborde l’influence de la politique sur la vie de ses personnages et la manière dont ceux-ci y résistent. Dans son nouveau livre, The Teardown, il se rend à nouveau en Europe de l’Est pour raconter l’histoire d’un homme qui s’évertue à devenir meilleur.  [NDLR: Sur ce livre, voir la critique de Michel Nareau, p. 53] (R. K.)

David Homel
The Teardown
Montréal, Véhicule Press
2019, 240 p. 19,95 $
[Portrait d'un homme sur les décombres, traduit par Jean-Marie Jot,
Montréal, Leméac
2019, 272 p., 27,95$]

 

Mark Abley, ancien journaliste à The Gazette, a écrit sur un éventail de sujets, parmi lesquels il faut noter son histoire des écoles résidentielles canadiennes, Conversations with a Dead Man. Ses ouvrages les plus connus portent sur la manière dont les langues évoluent et se transforment. Abley aborde la production écrite en langue anglaise sous toutes ses coutures, jusqu’aux lauréats du Bad Sex in Fiction Award («Prix de la performance fictionnelle sexuelle ratée»). Dans son plus récent livre, Watch Your Tongue, il s’intéresse aux origines de locutions anglaises courantes. Cet essai est son troisième consacré aux questions linguistiques, et j’ai le plaisir de recommander les deux précédents, Spoken Here et The Prodigal Tongue. (R. K.)

Mark Abley
Watch Your Tongue
New York, Simon & Schuster
2018, 272 p., 19,99 $

 

Je m’en voudrais de ne pas mentionner une nouvelle voix, dont le premier roman annonce de grandes choses à venir. The Philistine de Leila Marshy se déroule au Caire à la fin des années 1980 et raconte une découverte de soi. Nadia se rend en Égypte à la recherche de son père. Elle rencontre Manal, une artiste cairote, et en tombe amoureuse. L’écriture convaincante de Marshy transporte le lecteur jusque dans cette ville et jusque dans les vies de ses personnages. (R. K.)

Leila Marshy
The Philistine
Montréal, Linda Leith Publishing
2018, 322 p., 19,95 $

 

Les amateur·trices de suspense se délectent des romans de Louise Penny depuis sa première publication, Still Life (En plein cœur). Ce roman s’est hissé en tête des succès de vente du New York Times, où ses livres se retrouvent systématiquement depuis. Cette popularité est due en bonne partie à leur personnage principal, l’inspecteur Gamache, un homme qui résout des crimes tout en luttant contre ses propres défauts. Le décor, le village de Three Pines dans les Cantons-de-l’Est, est un autre élément séduisant des intrigues de Penny. Les villageois·es ressemblent beaucoup à des gens que nous connaissons tous, et il est aisé pour le lecteur de s’y identifier. L’inspecteur Gamache et les habitant·es de Three Pines sont de retour dans le quatorzième roman de Penny, Kingdom of the Blind, qui, comme les précédents, réjouira certainement ses admirateur·trices. (R. K.)

Louise Penny
Kingdom of the Blind
New York, Minotaur Books
2018, 400 p., 28,99 $

 

Tout comme David Homel, Claire Holden Rothman est à la fois traductrice et romancière. Son deuxième livre, My October, a été en lice pour le prix Giller et le prix du Gouverneur général. Le roman raconte l’histoire d’un couple formé d’un écrivain québécois, Luc Lévesque, et d’Hannah son épouse, aux prises avec une crise familiale. Le récit est campé à Saint-Henri au xxiesiècle, mais les racines du problème remontent à la crise d’octobre1970. Dans le dernier roman de Rothman, Lear’s Shadow, le personnage de Bea Rose cherche à se réinventer après avoir laissé son amant. Elle obtient un emploi dans une compagnie théâtrale et doit s’occuper à la fois de ses problèmes personnels et de l’acteur vieillissant qui incarne le rôle-titre dans le King Lear, que monte la troupe. Les relations entre les personnages du roman font écho à celles mises en scène dans la pièce de Shakespeare. (R. K.) ♦

Claire Holden Rothman
Lear’s Shadow
New York, Penguin Random
House Canada
2018, 336 p., 24,95$

 

Traduction | Annabelle Moreau


Arizona O’Neill est une cinéaste et une grande lectrice. Elle travaille à la librairie Drawn & Quarterly dans le Mile End, à Montréal.

Richard King travaille dans le milieu du livre depuis plus de trente ans. Libraire, écrivain et animateur à CBC Radio-Canada, il a fait paraître quatre romans et deux biographies.

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