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Nouveau regard sur les Filles du Roy

Nouveau regard sur les Filles du Roy

L’arrivée des Filles du Roy entre 1663 et 1673 a été un événement charnière de la Nouvelle-France. Ces femmes sont indissociables de notre histoire. Mais qui étaient-elles?

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Essai

L’arrivée des Filles du Roy entre 1663 et 1673 a été un événement charnière de la Nouvelle-France. Ces femmes sont indissociables de notre histoire. Mais qui étaient-elles?

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C’est entre autres à ces questions que répond un nouvel ouvrage publié au Septentrion, intitulé Les Filles du Roy, pionnières de la seigneurie de Repentigny et rédigé par des membres de la Société d’histoire des Filles du Roy. Plutôt que de brosser un portrait global de ces centaines de femmes venues s’établir en Nouvelle-France, cette étude se penche plus précisément sur onze d’entre elles, dont Marie-Anne Bamont, Denise Colin, Marie Lemaire et Anne Poitron, qui ont habité la seigneurie de Repentigny. Le résultat est donc une enquête basée sur des archives, qui nous permettent de découvrir les destinées de ces femmes parties de l’Île-de-France, de Normandie, de l’Orléanais et du Lyonnais.

Une nouvelle seigneurie à développer

Avant de nous plonger dans les aventures des onze femmes, les auteur·rices insistent sur les causes de l’émigration des Filles du Roy et la dure réalité de la démographie de la Nouvelle-France, laquelle oblige le roi Louis XIV à envoyer ces «femmes à marier» aux colons qui commencent à défricher et à développer les terres seigneuriales de la vallée du Saint-Laurent. Ils et elles rappellent aussi à quel point la traversée est longue et pénible pour ces aventurières, qui doivent vivre sur des bateaux nauséabonds et dormir dans des hamacs ou sur des couchettes de paille, dans le froid et l’humidité.

Quelques pages sont ensuite consacrées à l’histoire du secteur actuel de Repentigny, ce qui nous aide à mieux comprendre le milieu dans lequel les onze femmes mises à l’honneur dans ce volume vont tenir ménage. Dans un style très synthétique, nous découvrons que la seigneurie est fondée en deux étapes au XVIIe siècle: d’abord sous Jean-Baptiste Legardeur, puis sous Agathe de St-Père pour le secteur nord de la rivière L’Assomption. La seigneurie connaît un départ difficile, puisque Legardeur est endetté et qu’il a besoin d’argent afin de construire le moulin pour ses censitaires. Les conditions de vie sont aussi présentées par le biais d’extraits d’archives, surtout des édits et des ordonnances officiels de l’époque du Régime français.

Onze vies trouvées dans les archives

Ce n’est qu’à partir de la page soixante que nous pouvons lire les récits des femmes. La transition entre les deux grandes parties de l’essai est par ailleurs inexistante. L’historique de la seigneurie se termine, puis la section sur Marie-Anne Bamont, la première des Filles du Roy présentée dans cet ouvrage, commence sans plus de cérémonie.

Tandis que nous sommes très curieux·ses de découvrir les existences de ces Filles du Roy, nous sommes à nouveau confronté·es à un style très archivistique, pour ne pas dire scolaire. Les chapitres suivent une structure relativement rigide. Ils regorgent d’informations sur les origines des femmes avant leur arrivée dans la colonie, les circonstances de leur établissement à Repentigny, leur famille, leurs enfants et leur décès. Les détails varient fortement d’une Fille du Roy à l’autre. Certaines histoires sont par conséquent plus vivantes.

Retenons notamment celle de Denise Colin, qui part de LaRochelle sur le navire La Nouvelle France et arrive à Québec le 3septembre 1673 après une traversée d’environ deux mois et demi. Elle fait partie du dernier contingent de Filles du Roy pour la colonie. Son cas est intéressant, car la présentation est mieux structurée que celle, à titre d’exemple, de la vie de Marie-Anne Bamont. Une telle disparité s’explique entre autres par la qualité des archives disponibles pour chaque pionnière. Nous apprenons ainsi que Denise Colin se marie à deux reprises et qu’elle et son premier époux, Roch, forment un couple jeune et… vigoureux! L’histoire de cette femme et celles d’autres Filles du Roy nous font rapidement comprendre leur réalité dans la colonie: elles risquent soit de devenir veuves, soit de se remarier.

Après ces récits biographiques, les auteur·rices reviennent sur l’histoire de la seigneurie de Repentigny, désormais un relais sur le Chemin du Roy. Cette section insuffle un peu d’histoire vivante et d’humanité à des textes qui ressemblent souvent à des rapports d’événements.

Cet ouvrage est indéniablement un ajout à l’histoire des Filles du Roy et donc à nos connaissances générales sur la période de la Nouvelle-France. Il aurait cependant gagné à être mieux divisé et coordonné pour rendre sa lecture plus intéressante et fluide.

 


Erratum : Dans le no 180, Jean-Sébastien Marsan était présenté comme historien, mais il aurait fallu lire qu’il était auteur.
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Article au format PDF
Société d'histoire des Filles du Roy
Québec, Septentrion
2021, 400 p., 95.00 $