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Journal d'une femme de lettres

Journal d'une femme de lettres
Dossier

Rimouski, dimanche 29 septembre J’arrive de Montréal après une semaine de création émouvante pour le spectacle Je te réponds ce soir, présenté au FIL. J’atterris dans mon bureau, au sous-sol. Tout le monde dort ici, je consulte mes courriels. Cette invitation de Lettres québécoises. Je regarde mon agenda, très chargé pour la saison. Je ne suis pas certaine que ça entre. Envie de forcer un peu comme lorsqu’on part avec une valise trop pleine.

 

Mont-Joli, lundi 30 septembre Au bureau. Ça fait trois ans que j’ai la chance de travailler avec le Carrefour de la littérature, des arts et de la culture de Mont-Joli. Situé dans le magnifique Château Landry, le CLAC diffuse des spectacles littéraires et gère un festival printanier, la Crue des mots, qui réunit chaque année une vingtaine d’auteurs de partout au Québec. Au cours de cette semaine-là, ils rencontrent environ six mille jeunes dans les écoles du territoire en donnant des ateliers d’écriture et de création. Pour plusieurs enfants, c’est le seul moment de leur parcours scolaire où ils rencontreront un artiste professionnel. Le CLAC programme aussi des thés littéraires aux Jardins de Métis. Quasiment une conciliation travail/vacances. En ce moment, je fouille les archives de l’organisme pour une exposition sur ses quarante ans.

 

Mardi 1er octobre Après avoir suivi un séminaire de l’Université d’été en création littéraire de l’UQAR en 2018 — deux semaines de conférences et d’écriture in situ en bord de mer et en nature —, j’ai décidé de m’inscrire à la maîtrise. À l’Université du Québec à Rimouski, on peut faire ses études en lettres avec un profil recherche-création, du bac au doctorat. C’est très étrange de retourner sur les bancs d’école trente ans après avoir supposément «terminé».

 

Mercredi 2 octobre Conférence de presse du Salon du livre de Rimouski. Depuis une vingtaine d’années, j’y anime des entrevues publiques et un déjeuner littéraire. Ce salon est le plus vieux au Québec. Les essais et la poésie y occupent beaucoup d’espace. C’est ici qu’est né le pavillon de la poésie de l’Association nationale des éditeurs de livres (ANEL) qui vient pallier, dans les salons régionaux, l’absence d’éditeurs de poésie. Aujourd’hui, c’était cependant une journée spéciale puisque le Salon a annoncé que je remportais le prix Jovette-Bernier pour mon recueil Date de péremption.

 

Jeudi 3 octobre Je révise des demandes de subvention pour le CLAC.

 

Vendredi 4octobre Une de mes rares fins de semaine libres de l’automne. J’en profite pour lire les auteurs que je recevrai en entrevue au Salon du livre.

 

Samedi 5 octobre C’est le lancement de la revue XYZ à l’UQAR. Le numéro, placé sous le thème des «Chats», est dirigé par Camille Deslauriers, et cinq autres auteurs et autrices de l’université y participent.

 

Dimanche 6 octobre Ça y est: Le numéro96 de la revue Exit vient de paraître. Je lis le PDF en attendant mes copies.

 

Lundi 7 octobre Je révise encore des demandes de sub-vention. Je reçois une caisse du numéro 96 de la revue Exit. J’y ai coordonné un dossier qui me fait chaud au cœur sur les poètes du Bas-Saint-Laurent. Néos, d’origine ou membres de la diaspora, nous sommes légion, comme dirait l’autre. Onze d’entre eux ont répondu à l’appel de textes. Nous ferons une lecture au Salon du livre de Rimouski.

 

Mardi 8 octobre Décrochage des tableaux de Gilles Carle au Château Landry et aux Jardins de Métis. Belle expérience de commissariat, toujours avec le CLAC. Mon terrain de jeu pour cette exposition estivale: toutes les œuvres du cinéaste peintes sur l’Île Verte. On a d’ailleurs célébré la fin de l’été avec un thé littéraire en compagnie de Chloé Sainte-Marie et de Joséphine Bacon le 22 septembre.

 

Mercredi 9 octobre J’anime une causerie à l’UQAR avec Audrée Wilhelmy, autour des enjeux de création de chacun de ses livres. Cette femme est passionnante.

 

Trois-Pistoles, jeudi 10 octobre Pour sa 23e édition, le festival de contes et récits Les grandes gueules a joué la carte des femmes, présentant plusieurs spectacles et collectifs exclusivement féminins. J’ai participé au Cabaret Poésie All Star sur la route, organisé par Isabelle St-Pierre et Debout: Actes de paroles, qui ont eu carte blanche et bien voulu accepter la présence de deux garçons. C’était ma première fois dans la mythique salle de la Forge à Bérubé.

 

Vendredi 11 octobre Répétition pour le spectacle du lendemain.

 

Rimouski, samedi 12 octobre Reprise de la (Dé)mesure de la gravité. Arts performatifs, textes et musique, dans une création collective. Et la grande chance de refaire le spectacle après la présentation au festival Phos en septembre dernier à Matane, avec de nouveaux performeurs pour la moitié de l’équipe.

 

Dimanche 13 octobre Direction Trois-Rivières en poésie pour la fin du Off. Belle soirée de clôture! Je rentrerai chez nous demain, un peu pâle et cernée. Je sais que les journées qui viennent seront plus calmes. Ma récolte d’automne est abondante. On dirait que toutes les semences des dernières années ont germé en même temps. Après les salons, en décembre et janvier, j’aurai enfin le temps, alors que nous serons enfouis sous la neige et le froid, de ranger mon bureau, de lire (merci tsundoku!) et de boire un scotch bien tourbé. ♦

 


Annie Landreville est poète, formatrice et ex-journaliste. Elle a publié Partitions (Orphée), Date de péremption (La Grenouillère) et Traité de poésie à l’usage des malades modernes (Fond’tonne) tiré du Cabinet de consultation des prescriptions poétiques, un projet de médiation. Elle vit à Rimouski depuis vingt-quatre ans.

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