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Complicité

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Il était une fois, un soir d’automne dans la faune urbaine de Montréal, deux êtres qui se sont rencontrés sur une piste de danse, il y a déjà trente-huit ans. Ils ont appris à se côtoyer, à se connaître, à se découvrir, à s’émerveiller, à s’aimer, à voyager ainsi qu’à traverser des joies, des peines et des deuils. Un artiste et un infirmier. Deux esprits: l’un créateur, artiste des mots; l’autre plus cartésien, avec un «prendre soin» plus grand que ces deux mots. Avec Jean-Paul, je découvrais un nouveau monde, les lancements, les rencontres, les fêtes, les soupers. Toutes ces activités me permettaient de sortir de mon environnement professionnel, de changer d’univers. Jean-Paul ne voulait pas entendre parler de maladie. Je dis souvent que cela m’a probablement évité un burnout, car avec lui, je décrochais rapidement. Avec le temps, j’ai épousé les rôles de secrétaire, d’agent, de chauffeur, et bien d’autres. Malgré tout, c’est toujours Jean-Paul qui décidait de son agenda, mais je pouvais parfois l’influencer, car il a un grand cœur et dit facilement oui.

Jean-Paul est un être de générosité, de lumière et de respect, sans oublier son sens de la fête. Les partys faisaient aussi partie de ma vie: je viens d’une famille nombreuse, il y en avait régulièrement à la maison. Je n’ai donc pas été dépaysé, sauf par la faune qui se rassemblait lors de ces fêtes.

D’une culture incroyable, Jean-Paul est ouvert à tout et à toute génération. Il a même écrit une Ode infirmière, parue dans la revue Perspective infirmière (septembre 2014), tirée à plus de 70 000 exemplaires. En passant, le mot «ode», on le voit partout maintenant. Plusieurs de ses textes ont eu des échos inattendus, comme Les cendres bleues, bien sûr, mais aussi La semaine où ils disparurent, publié dans le magazine Divers/Cité, pendant la Fierté LGBTQ+de Montréal, en 2000. Toutes ces années m’ont permis de faire des rencontres extraordinaires, d’accumuler des souvenirs inoubliables. Je pense entre autres à Marie-Claire Blais, à qui nous avons rendu visite à Key West.

Jean-Paul vit principalement à la campagne, même si la plupart des gens le considèrent comme urbain. Disons qu’il a besoin des deux mondes – de l’effervescence, de l’exubérance et de l’énergie de la ville, mais aussi de la solitude et du calme de la campagne – pour se ressourcer. Il a toujours vécu près d’un cours d’eau: dans son enfance, en face de la baie Saint-François, à Valleyfield; devant l’étang du parc La Fontaine, à Montréal; et maintenant, sur les rives du lac Rocher, à Sainte-Mélanie. C’est notre havre de paix. Après les rénovations de la maison, Jean-Paul dira que «chaque pièce est comme un poème». Les murs sont tapissés d’œuvres, de souvenirs de voyages, de collaborations avec plusieurs artistes.

J’aurais eu tant à écrire, et même plusieurs anecdotes à raconter, mais je m’arrêterai ici pour aujourd’hui.

JP


Mario Savoie est infirmier depuis près de quarante ans. Il a toujours été impliqué dans des associations professionnelles en tant que membre de conseils d’administration ou de comités. Il côtoie de près la vie culturelle et est membre du conseil d’administration de Culture en action, à Sainte-Mélanie.

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